Francis Bacon
Il est l’un des plus célèbres artistes anglais du XXe siècle.
Loin de l’abstraction qui domine les années 1950, Francis Bacon (1909–1992) est le peintre du corps torturé et hurlant, de l’introspection doloriste. Personnalité complexe, ce contemporain de Lucian Freud est l’auteur d’une œuvre expressionniste fortement influencée par la relecture des grands maîtres du passé.
Évacuant toute anecdote, sa peinture est une forme de miroir qui reflète ses angoisses, ses drames et ses obsessions dans une époque marquée par les conséquences de la Seconde Guerre mondiale.
Sacré et profane se mêlent constamment dans cette œuvre métaphysique, dont le sujet véritable est cette parenthèse que constitue l’existence (douloureuse) entre la naissance et la mort.
Trois études pour une Crucifixion, 1962
Francis Bacon relie son intérêt pour la forme du triptyque à son amour pour le cinéma. Il souhaite décomposer et juxtaposer les images. Ici, l’univers entièrement rouge et noir qu’il met en scène se révèle particulièrement angoissant. Le thème de la chair de douleur est omniprésent. L’un des panneaux représente deux hommes dans une boucherie, l’autre évoque un corps crucifié. Le panneau central figure quant à lui un corps recroquevillé et martyrisé, seul dans un lit, lieu symbolique de la naissance comme de la mort.
Étude du portrait du pape Innocent X d’après Vélasquez, 1953
Avec la Crucifixion, les portraits de Papes d’après l’œuvre de Vélasquez sont l’un des thèmes obsessionnels de Francis Bacon. Ce portrait appartient à une série de 45 variantes sur le sujet. Il ne s’agit pas d’une peinture religieuse, mais avant tout d’un travail de réinterprétation d’un grand maître. Bien sûr, le sujet n’est pas anodin : le Pape incarne une figure de pouvoir et d’autorité. Ici, il est représenté hurlant, mais sa voix semble étouffée par l’atmosphère oppressante qui l’entoure. Devient-il une figure de l’impuissance ?
Trois personnages dans une pièce, 1964
La forme du triptyque empruntée à l’art religieux est récurrente dans l’œuvre de Bacon. Un même personnage, son ami et amant George Dyer, est représenté sur les trois parties de l’œuvre. Il incarne une figure de la solitude, à l’anatomie torturée. L’interprétation de Bacon n’est pas réaliste, mais elle propose une réflexion sur ce qu’est la réalité, dans sa crudité, sa forme de laideur, la frustration qu’elle oppose. Tout au long de sa vie, Bacon réalisera une trentaine de triptyques qu’il considérera comme ses œuvres majeures.