Paul Cézanne

 

né en 1839 à Aix-en-Provence et mort en 1906 dans la même ville, est un peintre français provençal, membre un temps du mouvement impressionniste et considéré comme le précurseur du post-impressionnisme et du cubisme.

Paul Cézanne fait des études classiques à Aix-en-Provence, où il se lie d'amitié avec Émile Zola. Bachelier en 1858, il entre à la faculté de droit, mais la quitte en invoquant sa vocation picturale et rejoint Zola à Paris, en 1861.

Cézanne apprend dès son adolescence à s'approprier la Provence lorsqu'il part, en compagnie de Zola, se promener des journées entières dans les garrigues jouxtant la montagne Sainte-Victoire. Celle-ci, qu'il peignit tant de fois, est comme le centre de gravité de son imaginaire personnel.

Période "couillarde"

 

Cézanne traduit ses débordements et ses angoisses dans ce qu'il appelle sa « manière couillarde », aux couleurs épaisses et souvent sombres, qu'il s'agisse:

 

-de scènes macabres comme l'Autopsie, 1868

-de portraits traités au couteau à palette le Nègre Scipion, vers 1867  ou

-d'une scène d'inspiration religieuse comme la Tentation de saint Antoine (vers 1867-1870).

 

 

Toutefois, cette manière s'atténue dans les natures mortes – exécutées au pinceau –, où commencent à s'exprimer de façon purement picturale les relations de la surface, des formes et de l'espace (la Pendule noire, vers 1870).

Cézanne aborde ensuite le travail sur le motif en peignant des paysages audacieusement composés

(Neige fondante à l'Estaque, 1870).

Sous l'influence impressionniste

 

Prêt à assimiler les recherches des impressionnistes, Cézanne va s'installer auprès de Camille Pissarro puis aux côtés de Vincent Van Gogh.

Alors, il éclaircit sa palette, raccourcit sa touche.

 

Instable, l'artiste fait des séjours à Paris, mais il se rend aussi  chez Zola (1880), chez Camille Pissarro (1881), puis à Marseille (1883), à l'Estaque avec Claude Renoir et Claude Monet (1884).

Son travail apparaît alors comme un dépassement de l'impressionnisme, notamment dans les paysages immobiles et intemporels que lui inspire la nature méditerranéenne (le Golfe de Marseille vu de l'Estaque, 1885).

Dans des œuvres où la réalité n'est plus que prétexte, on perçoit une tendance à l'abstraction qui s'accentue dans le traitement géométrique du sujet (le Village de Gardanne, 1885-1886).

 

Tandis que des événements majeurs marquent sa vie privée, Cézanne combine ses diverses expériences. Il joue librement des oppositions entre rigueur et lyrisme, stabilité et mouvement, exactitude et déformation (Vase bleu, 1889-1890).

Il approfondit la recherche d'un espace pictural totalement autonome à travers quelques grands thèmes :

-les paysages de la montagne Sainte-Victoire (la Montagne Sainte-Victoire au grand pin, 1887),

-les natures mortes (Nature morte au panier, vers 1888-1890),

-et les cinq versions des Joueurs de cartes des années 1890-1895.

Vers l'art moderne

L'exaltation lyrique caractéristique de la dernière période du peintre se nourrit d'une nouvelle liberté de la touche qui s'exprime de manière exemplaire dans de somptueuses natures mortes .

L'art de Cézanne culmine tant dans ses ultimes toiles provençales que dans ses Grandes Baigneuses, où le nu féminin n'a plus d'autre raison d'être que de concourir à l'édification de l'œuvre en tant que système rythmé de formes et de couleurs.

 -Séries sur le thème des baigneurs et des baigneuses intégrés dans le paysage

 

Incompris de la plupart de ses contemporains, hormis de jeunes artistes qui lui rendent visite et recueillent ses propos sur l'art, Cézanne rompt avec son isolement en exposant au Salon d'automne de 1903, trois ans avant sa mort.

L'œuvre qu'il laisse – faite de quelque 900 toiles et 400 aquarelles – est revendiquée par les fauves, puis annexée par les cubistes, quitte à la transformer. En Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie, aux États-Unis, elle ne cesse d'irriguer les courants auxquels s'identifiera l'évolution de l'art moderne.